Chaque semaine, une image parmi les 55 000 prises par Olivier Prévôt a été publiée sur ce site afin d'illustrer la diversité de ses intérêts, des personnes qu'il a rencontrées et des lieux qu'il a parcourus.
Terrain de sport - le 30 décembre 2014, Koweït
Fin décembre 2014, Olivier entreprit son dernier voyage en Orient, avec comme destination le Golfe Persique et uniquement le Koweït. Ce dernier voyage allait se révéler catastrophique : on lui jeta des pierres, lâcha des chiens... Le Français qu'il était, devenait cible des réfugiés égyptiens accueillis au Koweït - un des rares pays à le faire - et de tous ceux qui ont fui la reprise en main de l'Orient par l'Occident et son allié dans la région, l'Arabie Saoudite, après les printemps arabes. À son retour, il eut la certitude qu'il ne pourrait jamais retourner dans le Golfe qu'il aimait profondément.
Cette photographie a été prise le sixième jour après son arrivée au Koweït et son dernier jour aussi. Sa mésaventure a dû dater de la deuxième journée de son séjour : à partir de ce moment, il a beaucoup moins photographié et n'a plus pris un seul portrait, alors que les portraits étaient de loin majoritaires dans son travail.
Olivier sortit dans la matinée ce 30 décembre. Il logea le bord de mer en direction des tours de Koweït. Le sable occupait tout l'espace entre la route et l'eau : en face d'une petit île, un terrain de football avait été sommairement implanté. Il le photographia.
Le terrain est simplement le sol de sable, sans aucune délimitation, sans éclairage : seuls les buts avec leur filet le signalent. Deux blocs de béton grossier, érodés, où se distinguent encore des ferraillages d'amarage, doivent former la limite avec le cheminement le long de la route. Plus loin, à droite, un kiosque en béton, carré, a été construit sur un enrochement avançant dans la mer. Juste en face, dans une mer un peu moutonneuse, une petite île rocheuse - mais ce peut être une île artificielle faite de blocs de béton -, plate, barre l'horizon un peu flou où se devinent quelques grands bateaux. Enfin le ciel, très bleu, sans un nuage, occupe deux tiers de la surface de la photographie.
Quand cette image est regardée de loin, peu de détails apparaissent hors des grandes masses de bleu et d'ocre clair : c'est du sable au bord de mer. Les buts du terrain avec leur filet ne retiennent pas l'attention de prime abord, on voit une plage - ce qu'elle est peut-être aussi - avec le kiosque, ils ne s'imposent qu'après insistance du regard. Une première incertitude liée à cette photographie est son sujet : est-il vraiment le terrain de sport ou bien est-ce cette étendue de sable devant la mer, un paysage un peu vide ? Ensuite, le lieu n'est pas déchiffrable : ce pourrait être n'importe où d'un bout de littoral du monde entier, on ne pense pas du tout au Koweït. Enfin, c'était le dernier jour où Olivier était dans ce pays : j'y ressent l'immense nostalgie et peut-être tristesse qu'il a dû éprouver, sentiment suscité par le vide de cette image.
Olivier a pris en tout cinq photographies de cet endroit et c'était la dernière. Voici la deuxième.
Olivier venait d'entammer la balade qui devait l'ammener aux tours de Koweït. Ici on découvre un premier terrain de sport, avec cette fois de buts neufs ou repeints en jaune. Un filet est étendu entre le terrain et la mer pour éviter que les ballons tombe dans l'eau. Le premier des buts du terrain de l'image de la semaine se trouve tout à droite. Le tout au premier plan est l'aménagement neuf de la promenade qui longe la côte le long de la ville. À l'arrière plan, comme dans l'autre photographie, ce sont le kiosque, la mer et l'île. Cette photographie, plus narative, m'a moins inspiré : je préfère le côté dépouillé, « vide » de l'image précédente.
Je n'ai pas été aidé dans le choix des images : aucune n'a été notée cette journée, ni d'ailleurs de tout le voyage. Olivier n'a même pas renommé les images avant de les mémoriser comme il le faisait toujours. C'est bien l'un des derniers témoignages de son activité de photographe.
Je n'ai publié aucune image de cette journée, mais je l'ai fait pour quatre de ce séjour.
Si Olivier a déjà réalisé une exposition sur Koweït, un catalogue spécifique mériterait une rédaction.
Image du 3 mars 2025 - semaine 10 de 2025.
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