Chaque semaine, une image parmi les 55 000 prises par Olivier Prévôt a été publiée sur ce site afin d'illustrer la diversité de ses intérêts, des personnes qu'il a rencontrées et des lieux qu'il a parcourus.

Une cité - le 29 décembre 2009 à Ağrı, Turquie

En 2009, profitant des vacances d'hiver de SPEOS, Olivier est parti pour un séjour de deux semaines au Kurdistan turc. Il resta uniquement dans la ville d'Ağrı et ses environs, à l'extrême Est de la Turquie.

Cet hiver était pluvieux, il a sillonné, dans la boue, le marché aux bestiaux. Il s'est aventuré dans les cités en périphérie de la ville. Il y a pris cette vue d'ensemble : il l'a bien notée par la suite. Elle aurait pu figurer dans l'exposition Absence/Présence qu'il avait organisée dès sa sortie de l'école SPEOS.

La photographie est partagée horizontalement en trois zones de presque d'égale importance : le ciel, contrasté avec à la fois du bleu clair et des nuages noirs, un avant-plan qui est un terrain vague détrempé, et la cité, grise, dans le tiers central horizontal de l'image. C'est d'ailleurs ce gris qui domine tout, s'insinue dans le vert de l'herbe, jusqu'au bleu du ciel.

Cette image a de nombreuses caractéristiques du travail de photographie de paysages et d'environnement urbain d'Olivier comme l'importance du ciel et l'insignifiance du premier plan. Un autre cadrage qui ne ferait pas apparaître la mosquée à gauche, rendrait cette prise complètement déroutante pour le spectateur, en gommant tout repère de localisation : cette cité pourrait être celle d'une banlieue déshéritée de n'importe quel pays. C'est aussi un des traits de toute son œuvre : induire une interrogation, dérouter le regard, un peu comme la distanciation brechtienne. J'y vois aussi une nostalgie des environnements de nos enfances. Lui, comme moi, avons vécus dans des cités. Tout pourrait se sous-titrer : Souvenirs, tristesse et nostalgie.

J'ai ajouté quatre autres photographies de la cité, parmi la centaine qu'il a prise ce jour. L'ambiance y est plus légère, malgré l'absence totale d'êtres humains. Elle est pourtant habitée (on distingue du linge séchant aux balcons). Cité dortoir, cité ouvrière, probablement, comme celle à laquelle il fait allusion dans la présentation de son travail, dans son enfance, à Beauvais.

J'aurais pu choisir aussi cette image plus proche du travail général d'Olivier sur les paysages et qui développe un point de vue contrasté, avec un pan de ciel très bleu, cette terre très grise, les réservoirs au loin et la ligne électrique.

Cette cité n'arrive pas à me faire penser aux nôtres, celles des banlieues actuelles, hormis par les antennes paraboliques aux balcons. Mais à celle de mon enfance, que j'ai vue s'installer avec les mêmes flaques d'eau sur les allées en terre, s'embellir avec les espaces verts où grandissaient les arbres à la place du sol aux herbes éparses, se civiliser avec du revêtement installé sur nos aires de jeux, puis se dégrader. Olivier a certainement eu le même vécu et c'est ce qui a dû le toucher : c'est une cité du début de nos vies. Il n'aurait pu que peu photographier ce type d'habitat hors du Kurdistan turc.

Ces photographies pourraient paraître dans une catalogue sur Ağrı, ou dans un plus particulier sur les cités de l'Est de la Turquie.

Image du 6 janvier 2020 - semaine 2 de 2020.

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