Chaque semaine, une image parmi les 55 000 prises par Olivier Prévôt a été publiée sur ce site afin d'illustrer la diversité de ses intérêts, des personnes qu'il a rencontrées et des lieux qu'il a parcourus.
Jeune homme - le 21 février 2011, Dacca, Bangladesh
Fin janvier 2011, Olivier partit pour un long voyage, d'abord au Koweït puis au Bangladesh. Là, passée une difficile période d'adaptation, il se familiarisa avec cette ville gigantesque de Dacca.
Ce 21 février, en ressortant en fin d'après midi, après avoir parcouru une artère de la ville, il arriva, dans ce même secteur, dans une zone d'ateliers mais il ne prit aucune photographie de ceux-ci en extérieur de nuit. Il entra dans l'un d'entre eux et là il photographia les personnes présentes. Il repéra un jeune homme et fit dix photographies de lui (il figure aussi sur une onzième en arrière plan, flou). Voici la première.
Le jeune homme, pris de profil en inclinant légèrement la tête, sourit très franchement en regardant Olivier. Il porte un beau chandail à manches longues, noir avec motifs violets et rouges, séparés par des fils dorés. Tout l'arrière plan, très flou, est assez sombre, aux couleurs vert de gris. Un néon, au blanc froid, se reflète sur une vitre.
Ce portrait est assez classique dans sa composition, moins radical que ceux qu'il réalisait avant sa sortie de l'école de photographie SPEOS. On retrouve ici certaines caractéristique de son travail : les tonalités froides et sombres - qu'il aimait beaucoup quand les circonstances se présentaient -, et surtout l'empathie envers les être humaines. Je ressens profondément cette chaleur humaine contrastant avec cet univers de vert triste. Il subsiste aussi cette dimension de mystère : que fait cet homme ? Olivier a précisé A tea maker. Mais finalement cette indication ne m'éclaire que très peu : ce jeune homme prépare-t-il du thé pour le vendre chaud dans des bouteilles thermos car ce ne semble pas être une maison de thé où des consommateurs se font servir ? Ou prépare-t-il simplement des boites de thé à partir d'un conditionnement en gros ? Olivier aimait mettre en situation ses sujets, ici ce n'est pas le cas, et je n'ai pas de réponse.
De cette dizaine de clichés qu'Olivier a pris de lui, voici trois autres dans l'ordre de prise de cette petite série.
Ici, dans cette quatrième image de la série, le cadrage est très différent. L'orientation est cette fois horizontale. La tête du jeune homme se trouve dans le coin bas droit. Il ne regarde plus Olivier mais ce qu'il est en train de faire. Il garde un reste de son sourire se sachant photographié. Les détails du fond du local sont cette fois plus visibles bien que toujours très flous.
C'est l'image immédiatement suivante, très proche de la précédente dans sa composition, mais avec plus de dynamisme : le jeune homme semble verser quelque chose. J'aime beaucoup ce cliché.
Voici enfin la dernière prise de la série.
Avec toujours le même cadrage, cette fois l'atmosphère est très changée. Le jeune homme affecte un air très sérieux, voire distant : il regarde Olivier de face, son sourire a disparu. Connaissant Olivier, je pense que c'est lui qui lui a demandé de prendre cette pose.
Le cadrage de cet échantillon de trois images, et en particulier dans cette dernière photographie, contrairement à l'image de la semaine, revêt pour moi une intention spécifique dans l'œuvre d'Olivier : il décentre quasiment en permanence son sujet, mais ici, c'est plus qu'un décentrement : il réduit le sujet, comme si ce jeune homme était trop « brûlant ». Toute cette série ne découvre que son visage jusqu'aux épaules, alors que s'imposent les murs verts couverts de graffitis. Et pourtant, on ne voit que lui.
Aucune photographie de ce séjour n'a été notée par Olivier. Le choix est donc tout à fait personnel.
C'est la quatrième image de ce jour à être publiée sur ce site, les trois précédentes datant des trois semaine qui précèdent. Mais cette journée très riche peut offrir encore de nombreuses autres occasions de publication : de très nombreux portraits, des vues de Dacca, une école avec ses élèves et ses enseignants.
Un catalogue sur la ville de Dacca pourrait présenter cette photographie. Peut-être aussi faudrait il tenter un catalogue - et une exposition ? - comme le premier publié après le décès d'Olivier : Portraits du Bangladesh.
Image du 14 juillet 2025 - semaine 29 de 2025.
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