Chaque semaine, une image parmi les 55 000 prises par Olivier Prévôt a été publiée sur ce site afin d'illustrer la diversité de ses intérêts, des personnes qu'il a rencontrées et des lieux qu'il a parcourus.
Maison - le 17 décembre 2009, Kars, Turquie
Fin 2009, pour les vacances scolaires de SPEOS, Olivier est reparti pour le Kurdistan de Turquie et s'arrêta à Kars.
Le troisième jour après son arrivée, il s'aventura dans le quartier qui mène à la citadelle. Il avait neigé dans la nuit. Il traversa le quartier des magnifiques maisons russes, majoritairement en bois, en ruine et en train d'être rasées. Il prit en photo toute la série de maisons qu'il croisa, et en particulier une maison basse.
Cette maison ne comporte qu'un étage. Sa façade est turquoise, percée de deux fenêtre symétriques d'une large porte à deux battants. Le toit, très légèrement incliné, est uniformément couvert de neige. Le bas de la façade est délavé, gris. Le compteur électrique, au dessus à gauche de la porte, est ouvert. Le ciel uniformément blanc occupe le tiers supérieur de l'image. Des arbres nus - des peupliers - sont chargés de neige et dépassent le toit à l'arrière de la maison. Le sol de neige immaculée, sans une trace de pas, occupe tout le tiers inférieur de la photographie.
Cette image porte la marque du travail d'Olivier : la place du ciel, les tonalités froides, un contraste faible, un important premier plan insignifiant. Elle fait ressentir une composition très réfléchie, par son centrage et sa symétrie. Contrairement à ses habitudes de multiplier les prises de vue, elle est unique : ni avant, ni après, aucune photographie ne permet de retrouver cette maison qui ne figure que sur un seul cliché. En fait, il me semble qu'Olivier voulait aller vite, passer avant que les piétons marchent sur la neige. Il prenait une maison, cadrait du mieux qu'il pensait, allait plus loin. D'habitude, il se permettait de prendre son temps, de tenter plusieurs cadrages. Là, toute la série des maisons du quartier russe à l'abandon - une vingtaine - n'ont qu'un unique cliché.
C'est surtout cette atmosphère triste qui ressort. Je le ressens plus par la connaissance de toutes les photographies qui précèdent ou qui suivent et qui montrent encore plus l'abandon et la destruction. Ces images font aussi écho à celles qu'il a prises un an auparavant à Harpout des maisons arméniennes en ruine. Un effacement à l'œuvre dans l'espace et le temps... Tout maintenant doit être détruit.
Toutes ces images pourraient participer à un nouveau catalogue sur Kars.
Image du 8 février 2021 - semaine 6 de 2021.
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