Chaque semaine, une image parmi les 55 000 prises par Olivier Prévôt a été publiée sur ce site afin d'illustrer la diversité de ses intérêts, des personnes qu'il a rencontrées et des lieux qu'il a parcourus.
Cité - le 5 mars 2010, Varto, Turquie
Fin février, début mars 2010, Olivier effectua un nouveau séjour dans l'extrême Est de la Turquie. Juste avant de revenir en France, il s'arrêta dans la petite ville de Varto, à une vingtaine de kilomètres au nord de Muş et une cinquantaine du lac de Van. Cette petite ville, autrefois arménienne - appelée Goumgoum en arménien - mais dont il ne reste aucune trace d'avant le génocide de 1915, a fait l'objet en 1996 d'une fusillade, et surtout d'une occupation brutale par les « forces de sécurité » de l'État turc. Étienne Copeaux, docteur es lettres et agrégé d'histoire, en a effectué un compte-rendu et analysé cet événement à versions multiples dans un article Esquisse n° 51 - Varto, 1996. Trois récits pour une fusillade publié dans susam-sokak.fr son blog et aussi dans Academia.edu.
Olivier s'est promené dans la ville, par un temps pluvieux et froid. Beaucoup photographies montrent des tas de neige sale. Il fit de nombreux portraits des gens qu'il croisa.
Il quitta un peu le centre et arriva dans une cité. Devant un transformateur, il le photographia avec la cité en arrière plan.
Un poteaux électrique est au centre de l'image. Le transformateur se situe derrière lui, un peu décalé vers la gauche, avec son mur gris pris un peu de biais. Les petits immeubles de trois étages sont tous revêtus d'un crépis rouge brique. Le ciel sombre occupe un large tiers supérieur, et la route presque noire, le tiers inférieur. Les arbres s'élèvent nus. Les fils électriques strient toute la partie haute de l'image. Les poteaux qui les soutiennent, outre celui du centre, tous situés à droite de la composition, forment des traits noirs verticaux très présents en se détachant singulièrement du fond gris.
Cette photographie appartient à toute une série sur la thématique d'une transition urbaine, temporelle - la campagne chassée par l'urbanisation mais avec des îlots reliquaires d'une vie moins contrôlée -, sur une thématique sociale - la banlieue opposée au centre ville avec tout son cortège d'abandon -. Les fils électriques, et plus généralement tous les signes de la technicité de notre monde, constituent aussi un sujet très fréquent dans le travail d'Olivier. Enfin, tout respire une tristesse et mélancolie où se mêlent les souvenirs de la cité de son enfance à Beauvais.
La série des vues prises de cet endroit montre la recherche d'Olivier du meilleur cadrage possible, par tâtonnement, par errance dans ce lieu. J'en ai extrait deux images où chacune aborde un aspect différent.
J'aime beaucoup aussi cette photographie, avec son premier plan omniprésent, cette pelouse piétinée et ravinée. Olivier l'a cependant nettement moins bien notée.
Cette dernière photographie porte aussi véritablement le style d'Olivier. La part du ciel est prépondérante. Le premier plan, insignifiant, occupe tout le tiers inférieur jusqu'au centre de l'image. Elle aurait aussi pu être choisie comme image de la semaine, bien que moins bien notée.
Les photographies de ce séjour ont presque toutes été exceptionnelles et plusieurs ont déjà fait l'objet d'une publication dans l'ouvrage Dans la nuit kurde. Il a surtout photographié la ville de Tunceli, qui pourrait être le sujet à lui seul d'un prochain catalogue.
Image du 19 octobre 2020 - semaine 43 de 2020.
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