Chaque semaine, une image parmi les 55 000 prises par Olivier Prévôt a été publiée sur ce site afin d'illustrer la diversité de ses intérêts, des personnes qu'il a rencontrées et des lieux qu'il a parcourus.
Maison - le 15 octobre 2010, Ağrı, Kurdistan de Turquie
En octobre 2010, Olivier repartit pour l'Est de la Turquie, dans la ville d'Ağrı. Il décida, ce 15 octobre, tôt le matin, de retourner au marché aux bestiaux. Puis il retourna vers la ville.
En chemin, il remarqua une maison entourée de verdure. Il la photographia.
La maison est décentrée vers la gauche, mais son pignon est au centre de l'image. Deux fenêtres y sont percées. La partie supérieure est en moellons non crépis. Une échelle à terre y est appuyée. Le toit est fait de tôles ondulées, de couleurs dépareillées. Une cheminée en mauvais état le domine. Une fenêtre troue la façade, en son milieu. Le mur souffre d'humidité : des auréoles le souligne dans toute la partie basse. Ce bâtiment est à côté d'un autre que l'on ne fait que deviner, tout à gauche, plus grand, plus haut. Une antenne parabolique est accrochée à une fenêtre. Tout est entouré de végétation, très verte, avec quelques timides couleurs d'automne. Un petit arbre pousse au premier plan (ce doit être un peuplier). Le tronc d'un bouleau parcourt de haut en bas l'image tout à droite. Le ciel est un peu visible entre les peupliers, au dessus de la maison.
Cette photographie ne semble présenter aucun intérêt avec aucun élément saillant. Si des caractéristiques du travail d'Olivier sont absentes - place de ciel réduite ici, premier plan complexe au regard de sa production habituelle -, c'est plus par rapport au thème et à l'atmosphère que l'on retrouve la marque d'Olivier. Il a souvent recherché des couleurs froides et une palette chromatique relativement réduite. Ses paysages sont imprégnés d'un fond de tristesse et de mélancolie. Il a aussi toujours voulu monter l'empreinte humaine sur la nature, celle de la technique aussi sur les hommes, empreinte récente et bien plus, provisoire. L'abandon du lieu est presque signé par cet envahissement des plantes pionnières : ici les peupliers et le bouleau. La pauvreté et la rudesse de la vie avec lesquelles composent les hommes était aussi un de ses thèmes favoris. Et surtout, règne une étrangeté dans cette image : aucune localisation ne semble certaine. Serait-ce un endroit de la Creuse ? La végétation est identique à celle de nos campagnes en voie d'abandon.
La photographie a été bien notée. Elle avait été suivie d'une autre au cadrage différent. La voici.
La maison est complètement insérée dans la végétation qui reprend ses droits avec de multiples rejets qui envahissent le terrain. Et l'endroit pourrait presque paraître inhabité. J'y ressent encore plus la mélancolie de l'abandon. Olivier a beaucoup photographié les lieux en déshérence, c'était même un de thèmes principaux de son travail. La photographie a été moins bien notée.
Trois photographies prises ce jour, mais dans la soirée, ont été déjà publiées dans le catalogue Dans la nuit kurde. La semaine précédente, j'ai publié le portrait d'un berger sur ce site.
Ces photographies pourraient faire partie d'un catalogue sur la vie dans les campagnes au Kurdistan de Turquie, et peut-être sur Ağrı, peut-être aussi sur le thème de l'abandon des campagnes.
Image du 7 novembre 2022 - semaine 45 de 2022.
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