Chaque semaine, une image parmi les 55 000 prises par Olivier Prévôt a été publiée sur ce site afin d'illustrer la diversité de ses intérêts, des personnes qu'il a rencontrées et des lieux qu'il a parcourus.
La montée des eaux - le 21 février 2010, environs de Tunceli, Kurdistan de Turquie
Durant les congés scolaires d'hirver 2010 à l'école de photographie SPEOS, Olivier partit pour l'Est de la Turquie voir des chantiers de barrages du GAP, un vaste programme d'irrigation sur le bassin versant du Tigre et de l'Euphrate. Il s'arrêta longuement à Tunceli.
Ce 21 février, il partit assez tôt en matinée par un temps triste vers le barrage en fin de construction sur le Munzur, un affluent de l'Euphrate. Il traversa une zone anciennement habitée dont les maisons sont envahies par les eaux de la retenue en train de se former. Il s'arrêta devant l'une d'elles et la photographia.
C'est un espace entre deux bâtiments, à gauche une maison aux murs crépis et peints et dont il reste la toiture, à droite un mur revêtu d'un enduit gris, borgne et sans toiture - ce pouvait être un hangar. La maison a deux fenêtre protégées par des grilles en fer forgé peintes en bleu. L'eau a atteint le bas des fenêtres : on ne voit pas la partie inférieure des grilles. C'est une eau boueuse, brune. Il reste un peu plus loin un grillage, des poteaux et des arbres les pieds dans l'eau. La vallée est assez escarpée et ses flancs s'élèvent rapidement en fermant la vue : seule une petite tache de ciel est visible en haut de l'image.
Cette photographie est un peu à part dans l'œuvre d'Olivier. D'abord par son cadrage vertical, elle tranche avec l'immense majorité des prises de vues de paysages qu'il a réalisées. Ensuite, ce type de composition presque symétrique reste rare chez lui, avec un décentrement voulu presque généralisé. Mais autrement, on retrouve beaucoup de points communs avec la majorité de ses photographies. D'un point de vue formel, la palette chromatique réduite, ici dans les ocres et bruns, est une constante chez lui. Surtout, le thème de l'abandon, de la destruction, a hanté son travail de photographe. Enfin, reste toujours le coté mystérieux de l'image : le lieu est indéterminable, ce peut être une inondation en France...
Olivier a pris plus d'une centaine d'images du lac en train de se former, et cinq de cette maison. C'était ici la deuxième. Voici en complément la quatrième prise.
L'image est prise cette fois horizontalement. Olivier s'est avancé légèrement, ce qui élargit l'arrière plan, et l'on distingue au sommet du flanc de la vallée un maison qui semble neuve. L'atmosphère est identique mais l'élargissement du fond rend cette image plus banale, tout en rendant plus explicite le contexte.
La photographie choisie comme image de la semaine a été assez bien notée, mais pas celle-ci.
Quatre photographies de ce jour ont déjà été diffusées sur ce site : l'une un portrait d'un pêcheur le 26 octobre 2020, une de graffiti dans un bâtiment promis à la destruction le 19 avril 2021, une autre de la submersion des maisons par le lac le 25 octobre 2021 et enfin un autre portrait de pêcheur la semaine précédente.
Tunceli mériterait un catalogue entier pour elle et pour les événements tragiques qu'elle a subis en 1937, et elle aurait une place important dans le cadre d'un ouvrage spécialisé sur le programme de barrages du GAP. Cette photographie pourrait être intégrée parfaitement dans les deux.
Image du 16 décembre 2024 - semaine 51 de 2024.
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