Chaque semaine, une image parmi les 55 000 prises par Olivier Prévôt a été publiée sur ce site afin d'illustrer la diversité de ses intérêts, des personnes qu'il a rencontrées et des lieux qu'il a parcourus.

Deux jeunes hommes - le 23 février 2010, Tunceli, Kurdistan de Turquie

Durant les congés scolaires d'hirver 2010 à l'école de photographie SPEOS, Olivier partit pour l'Est de la Turquie voir des chantiers de barrages du GAP, un vaste programme d'irrigation sur le bassin versant du Tigre et de l'Euphrate. Il s'arrêta longuement à Tunceli.

Ce 23 février, dans la matinée, il entra dans un collège et y rencontra le proviseur (la personne qui y tient lieu en Turquie). Il prit plusieurs photographies d'un groupe d'élèves et s'intéressa plus particulièrement à deux d'entre eux.

Les deux jeunes gens regardent Olivier avec un air assez grave. Celui de gauche, semblant le plus âgé, souffre d'une crise d'accnée. Il a placé sa main sur l'épaule de l'autre. Celui de droite a une peau très lisse. Tous deux portent un vêtement bleu foncé. Les visages des deux jeunes gens sont sur la médiane horizontale de l'image, mais décentrés sur la gauche. Le mur en arrière plan est d'un vert pâle.

Ce portrait est un peu une synthèse des deux types de portraits qu'Olivier a pratiqués : une vue très serrée du visage et une mise en situation du sujet. Mais il ne pouvait réaliser un portrait très rapproché avec deux personnes : il fallait les photographier séparément (ce qu'il a fait d'ailleurs). Mais il s'est éloigné un peu, permettant un décentrement vers la gauche de l'image. Ce décentrement d'ailleurs souligne bien les deux visages, suscitant l'intérêt pour l'un et pour l'autre. D'autres caractéristiques des photographies d'Olivier sont présentes ici. En premier, la palette chromatique est ici réduite avec une dominante de couleurs froides : le bleu, le noir des cheveux, la teinte un peu rosée des visages, le vert clair et atténué du mur. L'atmosphère de cette image est aussi très particulière imprégnée d'un sentiment de tristesse et d'attention. Enfin, comme presque toujours, ces images ne sont pas illustratives, elles ne donnent aucune indication du lieu, du moment ni des circonstances. Mais celle-ci laisse deviner l'attitude protectrice du jeune homme de gauche envers celui à droite, avec sa main posée sur son épaule. Olivier n'aimait pas semer des détails trop explicites dédouanant tout observateur d'interrogations et d'obligation d'observation.

Plus d'une trentaine d'images du groupe dans cet établissement ont été prises, et onze de ces deux jeunes gens ensembles. C'était ici la quatrième de ces onze prises. Voici en complément la dernière photographie de cette petite série de onze. 

Le cadrage est cette fois centré : un jeune homme à droite, l'autre à gauche, avec chacun exactement une moitié d'image. Le garçon de droite est en train de rire franchement, en ne regardant plus Olivier, et l'autre sourit : un membre du groupe a dû faire une plaisanterie. L'atmosphère est en donc changée : malgré la dominante froide des couleurs, ce n'est plus la tristesse qui domine.

J'ai ajouté une autre photographie du groupe en complément, et c'est la dernière de toute la série.

Les deux jeunes gens sont au centre de l'image, avec trois autres personnes visibles. Bien que prise quasiment au même instant et au même endroit, la palette chromatique est largement différente. Cela n'est pas uniquement dû à la partie supérieure du mur jaune orangé. L'appareil photographique et son objectif ne sont pas les mêmes. Dans les deux photographies précédentes, c'était l'objectif de 50 mm monté sur un appareil Canon 50D, soit donc quasiment un petit téléobjectif, idéal pour les portraits (le Canon 50D étant au format APS-C, le 50 mm doit donc être équivalent à un 85 mm). Cette photographie ci-dessus a été prise par le Canon 5D avec un objectif grand angle de 24 mm ; on peut donc remarquer les distorsions dues à cet objectif. Mais surtout je soupçonne le Canon 5D d'avoir apporté des « corrections » colorimétriques, en raison de sa richesse en automatismes d'exposition. Olivier n'avait qu'un peu plus de deux mois d'expérience avec cet appareil, et peut-être ne le maîtrisait-il pas, à ce moment, parfaitement. Je n'ai pas appliqué de corrections pour rendre cette image conforme aux deux précédentes (il fallait baisser la température de l'image je pense). Toujours est-il que je préfère très largement les deux précédentes, l'image ci-dessus ayant un intérêt documentaire.

Aucune de toutes ces photographies, sauf la première avec le proviseur, n'a été notée. Mais j'aime beaucoup les deux premières images que j'ai choisies, avec leur fraternité entre garçons, leur atmosphère et leur dépouillement.

Trois photographies de ce jour ont déjà été diffusées sur ce site : un portrait de lycéens le 18 novembre 2019, un portrait d'un jeune homme le 9 janvier 2023 et un portrait à l'intérieur d'un çai evi le 11 novembre 2024

Tunceli mériterait un catalogue entier pour elle et pour les événements tragiques qu'elle a subis en 1937 où pourraient figurer ces images, qui pourraient aussi faire partie d'une nouvelle expositions de portraits du Kurdistan.

Image du 23 décembre 2024 - semaine 52 de 2024.

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