Chaque semaine, une image parmi les 55 000 prises par Olivier Prévôt a été publiée sur ce site afin d'illustrer la diversité de ses intérêts, des personnes qu'il a rencontrées et des lieux qu'il a parcourus.

Lamma de Korshabad - le 20 novembre 2009, Musée du Louvre, Paris

Dans le cadre d'un exercice de sa scolarité à SPEOS, Olivier est allé de nombreuses fois au Louvre pour y ramener des photographies destinées à être critiquées par les professeurs et les élèves tant sur le sujet que sur tous les paramètres de prise de vue. Il a travaillé cet exercice à fond, classant, notant les photographies.

Ce 20 novembre, en fin de matinée, pour échapper à l'affluence grandissante du musée, il arriva dans le Département des Antiquités orientales et dans la salle du palais d'Assourbanipal de Korshabad. Il y prit plusieurs photographies dont trois des taureaux à tête d'homme gardiens de l'entrée du palais.

La statue monumentale du taureau ailé à tête humaine est quasiment au centre de l'image. Elle semble presque regarder le spectateur de la photographie, avec une esquisse de sourire, ses quatre cornes, sa tiare et sa très longue barbe, vision imposante mais aucunement menaçante. À ses pied, le gardien de la salle, de noir vêtu, est assis sur une simple chaise, absorbé par ses pensées.

Cette composition n'est pas très fréquente dans le travail d'Olivier, outre les portraits. Il n'aimait pas beaucoup tourner son appareil pour prendre une photographie verticalement bien que ce soit la position idéale pour un portrait. Ici, apparaissent plusieurs ambiguïtés. Le sujet est-il la figuration de cette divinité de l'antiquité - Lamma en sumérien ou Lammasu en akkadien -, semblable à un ange gardien, accueillant les personnes de la salle du trône d'Assurbanipal ? Est-ce le portrait du gardien, dans la tradition de beaucoup de ceux d'Olivier où le décor de la personne photographiée revêt une extrême importance ? Ou est-ce tout simplement ce jeu réciproque de protection que la statue par delà les millénaires continue d'assurer sur les êtres humains, en particulier envers ce gardien réfugié à ses pieds, mais qui lui-même veille sur elle ?

Seulement trois photographies ont été prises par Olivier de cette statue. Seule l'image du jour a été notée, et très bien. J'ai joint la deuxième de cette petite série.

 

Par rapport à l'image de la semaine, cette photographie est prise avec plus de recul, l'orientation est horizontale, avec plusieurs personnages. La composition pourrait paraître non maîtrisée, prise au hasard. Mais elle revêt une encore plus grande étrangeté : l'immense taureau ailé qui domine toute l'image, bien qu'à l'extrême gauche de celle-ci, n'est vu par personne, tous regardent ailleurs, il est invisible.

Ce taureau ailé s'est imposé dans ma tête cette semaine. J'ai commencé la lecture de l'ouvrage de Josette Elayi, L'Empire assyrien (Perrin, 2021). Je suis encore atterré par sa description de la destruction d'un Lamma semblable à celui ci-dessus du palais d'Assurnarsipal II de Nimrud en 2015 par l'Etat islamique. Qui s'en souvient donc quelques années après ? Et je me suis rappelé qu'Olivier avait photographié cette statue.

La présentation de cette photographie fait suite à déjà cinq articles ayant pour sujet le Louvre : le 9 septembre 2019, le 4 novembre 2019, le 2 mars 2020, le 13 avril 2020 et le 5 octobre 2020.

Je publierai probablement d'autres images du musée du Louvre, sachant qu'aucun catalogue de ce travail scolaire ne sera réalisé.

Image du 27 septembre 2021 - semaine 39 de 2021.

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