Chaque semaine, une image parmi les 55 000 prises par Olivier Prévôt a été publiée sur ce site afin d'illustrer la diversité de ses intérêts, des personnes qu'il a rencontrées et des lieux qu'il a parcourus.
La route des animaux - le 24 décembre 2009, Ağrı, Turquie
Fin 2009, pour les vacances scolaires de SPEOS, Olivier est reparti pour le Kurdistan de Turquie et s'arrêta à Kars puis Ağrı.
Cette veille de noël - pour nous -, Olivier partit tôt au lever du jour vers le faubourg de Meydanı, dans la banlieue d'Ağrı. Le temps s'était un peu réchauffé et une grande partie de la neige avait fondu. Sur la longue route droite traversant la plaine menant à la ville passaient de petits troupeaux d'animaux que conduisaient les éleveurs au marché. Un de ceux-ci, de moutons, approchait et Olivier le photographia.
Les animaux, une dizaine environ, sont au centre de l'image. Le berger est à l'arrière et les guide avec sa canne. La route, bien que goudronnée, est boueuse. Elle forme presque toute la moitié inférieure de l'image. Des traces de neige subsistent : au lointain, derrière le troupeau, apparaît un bout de colline encore enneigée. Une maison, encore ne construction, réduite au seul premier niveau, sans toit, en béton brut, forme l'arrière plan du troupeau ; une flaque d'eau où elle se reflète, réfléchit un peu le ciel, formant une tache claire dans un ensemble très sombre. À gauche, plus loin, se trouvent des véhicules en stationnement, à droite, plus dans le lointain, quelques maisons. Le ciel d'un gris uniforme à peine bleuté occupe toute la moitié supérieure de l'image. Il est finement zébré par les fils électriques d'une ligne à moyenne tension.
Cette photographie est très caractéristique du travail d'Olivier : premier plan insignifiant et ciel occupant la presque totalité de la surface de l'image, couleurs peu contrastée, tirant vers le gris, sujet occupant une mince bande horizontale. L'empreinte humaine, comme pour beaucoup des photographies de paysage, en est son sujet : pourtant situé hors agglomération, tout ici en porte la marque, tout n'est que route et bâtiments, on ne distingue ni arbre ni même un brin d'herbe. Les fils électriques sont aussi emblématiques de la recherche des cadrages d'Olivier : même le ciel porte leur marque. La tristesse qui se dégage, très marquée dans ce séjour, devait peut-être faire écho à ce noël absent, si loin.
Cette photographie fait partie d'un ensemble de quatre images qui n'ont pas de note. Durant cette même journée, où il a opéré de très abondantes prises, il avait repéré plus d'une vingtaine qu'il avait bien notée. Malgré cette absence de notation, je l'ai cependant retenue, rompant ainsi avec les choix que je m'étais jusqu'à présent imposés, mais je publierai aussi les photographies qu'il avait choisies. J'ai joint deux autres pour compléter cette petite scène.
Cette première prise est un peu floue (la mise au point est faite au niveau des ornières du premier plan à gauche), mais elle me semble aussi intéressante, voire plus, par son cadrage avec la perspective formée par la longue route et la ligne électrique qui la borde. J'ai été simplement retenu de la choisir par l'absence d'une parfaite netteté de l'homme et du troupeau.
Là, le sujet devient un peu le berger qui regarde et sourit à Olivier, et son petit troupeau. C'est presque un portrait. Mais le sujet des hommes et des animaux me touche profondément.
Toutes ces images pourraient participer à un nouveau catalogue sur le marché aux bestiaux d'Agrı.
Image du 22 février 2021 - semaine 8 de 2021.
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