Chaque semaine, une image parmi les 55 000 prises par Olivier Prévôt a été publiée sur ce site afin d'illustrer la diversité de ses intérêts, des personnes qu'il a rencontrées et des lieux qu'il a parcourus.
Graffiti - le 21 février 2010, Tunceli, Turquie
En février 2010, Olivier partit, au moment des vacances d'hiver de SPEOS, en Turquie. Il commença son séjour par la ville de Tunceli, dans le Kurdistan turc.
En début d'après midi, ce 21 février, il est revenu vers le centre ville après avoir passé toute la matinée à proximité du grand barrage où il a photographié des pêcheurs (il y a fait un beau portrait déjà publié le 26 octobre 2020). Il est passé à proximité d'une cité abandonnée ou en voie d'abandon. Il s'y est aventuré à l'intérieur. Et il a pris des photographies des graffiti des murs.
La pièce n'est pas clairement identifiable : elle fait partie d'un vaste rez de chaussée, que d'autres photographies montrent largement ouvert, sans porte ni fenêtre. L'image est cadrée sur un mur, avec un petite partie du sol visible. Au centre, un oculus a été placé dans une ouverture qui semble initialement plus grande. Sur l'enduit en plâtre, très largement effrité, des dessins et inscriptions s'enchevêtrent : on y découvre une rose, un personnage étrange rappelant une représentation d'extraterrestre, le même mot répété trois fois (« Volkan »). Le reste est plus ou moins indéchiffrable. On distingue un peu un sol de béton au premier plan.
Ce type de photographie n'est pas fréquent dans la production d'Olivier. Je pense qu'il hésitait à en prendre, en ayant conscience d'une certaine mode du « street art » qui l'exaspérait dans la mesure où elle ne témoignait que du narcissisme de beaucoup de bien-pensants élevant cette expression au niveau d'un art qu'ils ne savent plus définir et préférant la facilité de s'y extasier, à l'identique de celle des jeunes désœuvrés qui ont réalisé ces gribouillages et qui ont troqués leurs études à leurs pulsions d'expression (mais dans une société ne reconnaissant plus l'effort). Nous en avions beaucoup parlé, surtout à la suite de mon travail sur le site de Paulilles où j'avais photographié les innombrables graffitis des murs en ruine de l'ancienne usine Nobel. Je pense qu'en parcourant cette ruine du Kurdistan turc, Olivier s'est souvenu du petit fantôme répétés des centaines de fois dans les bâtiments abandonnés. Je crois aussi qu'il a profondément ressenti l'étrangeté de cette lucarne dans cette pièce obscure. Je l'imagine étreint d'un peu d'angoisse dans ce désert promis à la destruction, comme les bâtiments de Paulilles, que l'on avait parcourus cinq ans auparavant.
J'ai choisi de compléter avec cinq autres photographies cette image.
Il s'agit des deux autres prises de cette pièce, celle du haut étant la première, celle du bas la dernière. Olivier a noté de manière identique, bien noté, ces trois images. J'ai donc choisi arbitrairement, selon mon goût, l'image de la semaine. Mais elle m'a semblé mieux cadrée, offrant une place plus mystérieuse à l'oculus par rapport aux deux autres.
Voici trois autres images, toutes prises avant la série de trois de la pièce, et qui permettent de situer parfaitement le contexte.
Olivier a pénétré dans la cité à l'abandon. On distingue derrière le bâtiment visible par cette ouverture carrée, l'immeuble tout neuf destiné à les remplacer. Pour moi, il s'agit d'une très belle photographie, qu'il n'a cependant pas notée. Et j'y ressent une tristesse et nostalgie.
Là, Olivier est sorti et s'est retourné (il doit être au niveau du petit bassin comblé au milieu de la cour, visible dans la vue précédente). L'immeuble est en ruine, il n'y a plus une fenêtre, mais il n'a pas dû être abandonné depuis très longtemps.
Olivier a dû revenir dans le bâtiment qu'il a photographié dans l'image précédente. Mais je n'en ai aucune certitude. On voit là, par une ouverture très abîmée, la pièce aux graffiti qu'il a photographiée.
Toutes ces images pourraient participer à un nouveau catalogue spécifique sur cette petite ville du Kurdistan turc, rebelle et que la Turquie a particulièrement visée dans la répression de tous ses opposants. Les images des graffitis pourraient aussi former un catalogue plus thématique sur les « peintures photographiques » d'Olivier, qui ont tout le temps émaillées son œuvre.
Image du 19 avril 2021 - semaine 16 de 2021.
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