Chaque semaine, une image parmi les 55 000 prises par Olivier Prévôt a été publiée sur ce site afin d'illustrer la diversité de ses intérêts, des personnes qu'il a rencontrées et des lieux qu'il a parcourus.
Maison - le 11 septembre 2009, Beyrouth, Liban
Début septembre 2009, juste avant son entrée à l'école de photographie SPEOS, Olivier est parti une première fois pour le Liban, après un périple commencé début août en Turquie, se poursuivant au Kurdistan irakien et en Jordanie. Ce séjour a été court et mouvementé.
Ce 11 septembre, dernier jour de son voyage, il a parcouru les rues de Beyrouth toute la journée. Il a photographié les maisons, les traces de guerre, un peu les gens. Il s'est longuement attardé à rechercher le meilleur cadrage, la meilleure position.
Parmi ces centaines de photographies qu'il n'a pas notées, comme la plupart de ce séjour, j'ai retrouvé plusieurs fois une même maison. Elle était en ruine, envahi de végétation. Derrière se dressait un immeuble flambant neuf. Elle n'avait rien de particulier, faite de béton, hormis sa modestie.
Dans l'image choisie, seul le haut de la maison est visible. Mais sur le béton nu du premier plan se détachent les impacts de balles. Ce premier plan est une désolation : tôles rouillées masquant les fenêtres, plantes grimpantes desséchée. Olivier a tenu que dans chacune des photographies de cette maison l'immeuble-tour nouvellement construit à l'arrière plan soit visible. Surtout, il a joué des contrastes de couleurs, vives du présent - le vert clair du bananier, les vitres bleutées de l'immeuble moderne - au gris du béton de la maison abandonnée du vert sombre du cyprès, le plus vieux témoins de tout cela.
J'y retrouve la profonde attirance d'Olivier du passé mort ou mourant écrasé par un présent clinquant et obsédant. Je m'y retrouve moi-même. J'imagine une famille y habitant, devant l'abandonner parce qu'atteinte par la guerre. Je songe à nos propres abandons, notre maison d'Arras, celle de La Rochelle. Et maintenant je me réfugie dans les murs vieux de deux cents ans de la maison de ma famille.
J'ai retenu plusieurs autres photographies de cet endroit.
Cette dernière photographie ci-dessous, que j'avais longtemps hésité à choisir comme image de la semaine, a une désolation encore accentuée. Mais le contraste est moins fort.
Ces photographies devraient faire partie d'un catalogue sur Beyrouth. Noter que j'avais déjà présenté une image prise ce même jour par Olivier : la souffrance des statues.
Image du 29 juin 2020 - semaine 27 de 2020.
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