Chaque semaine, une image parmi les 55 000 prises par Olivier Prévôt a été publiée sur ce site afin d'illustrer la diversité de ses intérêts, des personnes qu'il a rencontrées et des lieux qu'il a parcourus.
Ouvrier - le 19 mars 2009, Dohouk, Kurdistan d'Irak
En mars 2009, Olivier retourne au Kurdistan d'Irak qu'il avait quitté trois semaines plus tôt.
C'est son premier jour en Irak : il est passé par la Turquie et la première étape est la ville de Dohouk. Il la connait assez bien, ayant effectué le même parcours deux mois plus tôt.
Ce 19 mars, il n'a fait que se promener dans la ville, il s'est intéressé à un parc avec sa statue monumentale de Mustafa Barzani, vers la montagne à la limite de l'urbanisation. Un petit chantier de pavage d'une allée s'était établi à une cinquantaine de mètres derrière la statue. Il s'en est approché et a photographié les ouvriers. Il a pris seulement quatre photographies : deux du groupe et deux d'un ouvrier en train de poser les pavés.
Toutes ces photographies ne sont pas notées. C'est la dernière que j'ai choisie.
L'ouvrier est en train de poser le pavé et sourit à Olivier. Il occupe tout le centre de l'image. On distingue parfaitement son visage, régulier. Son turban kurde jamana couvrant ses cheveux contraste par son caractère impeccable avec ses vêtements souillés de béton. Cet homme est aussi la touche principale de couleur : tout le reste de l'image est ocre - la terre au premier ou à l'arrière plan - et gris - les pavés -.
Ce type de photographie du monde du travail est abondant dans l'œuvre d'Olivier. Il a laissé de nombreux témoignages des chantiers du Kurdistan, plus particulièrement à Souleimaniye, et généralement sur les artisans dès ses premiers voyages. Et il l'aborde toujours pas la personne, sans la dissocier de ce qu'elle fait. Mais le travail chez Olivier n'est jamais représenté par son caractère sordide, déshumanisé : les gens restent toujours pleinement maître de ce qu'ils font, et ils sont en interaction avec lui. Dans cette image, l'ouvrier, en plein travail de pose, prend le temps de regarder Olivier.
J'ai retenu deux autres photographies de cet endroit. La première illustre le chantier en lui-même, avec les montagnes en fond et l'extension de Dohouk vers l'Est.
Cette dernière photographie est juste prise avant celle de l'image de la semaine. C'est le geste du travail qu'il a saisit là.
Ce thème du travail a déjà illustré des catalogues : une exposition entière a été consacrée aux mineurs d'Ortasu, mine qui se trouve à moins de trente kilomètres de Dohouk, en Turquie. Les deux expositions Terminal Bagdad et Dans la nuit kurde l'aborde incidemment. Un autre catalogue sur les chantiers des barrages du GAP devrait aussi voir le jour ainsi qu'un sur les chantiers de Souleimaniye ou les routiers de la frontière jordano-saoudienne. Par ailleurs, un catalogue sur Dohouk devrait être constitué.
Image du 6 juillet 2020 - semaine 28 de 2020.
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